Utopiart films présente
Filles de Mai
La naissance du féminisme de 68 à 1971
Le mouvement des femmes remettait en cause les militantismes… Il n’y avait pas de leader. Pour lui appartenir, il suffisait d’être une femme, consciente de l’oppression et désireuse de la combattre. Il en résultait un certain désordre, gênant parfois, mais dans l’ensemble enrichissant…» Simone de Beauvoir
Film DOCUMENTAIRE
94 mn
Auteur – Réalisateur Jorge Amat
Conseiller scientifique: Anne Querrien
Conseiller artistique : François Marquis
SOMMAIRE
Note d’intention Page 3
Synopsis Page 5
Intervenants Page 6
Structure du film Page 20
Note sur la réalisation Page 32
iconographie Page 37
Chronologie des événements de Mai 68 Page 41
Note d’intention: Que reste-t-il aujourd’hui des années 1968- 1971 ?
Comment l’imaginaire collectif a-t-il intégré, génération après génération, cette période si récente de notre histoire et déjà si lointaine ? C’est d’abord cette question qui m’est venue avec le cinquantenaire. Je ne suis arrivé en France qu’en septembre. J’ai vécu le mois de mai à Prague, autre printemps, autre expérience, autre souvenir, j’avais 17ans ; je suis de cette génération qui, trop jeune pour en avoir été un acteur, a « vu » 68, s’en est imprégnée, nourrie. J’ai construit toute ma vie d’adulte à partir de là. J’ai comme tant d’autres ressenti ces évènements comme un tremblement de terre, j’en ai vécu les répliques dans les années qui ont suivi, le cheminement des idées, de l’esprit de mai, dans tous les domaines, politique, culturel, sociétal ; j’en ai perçu avec le temps « la grandeur et la décadence », la dilution, comme un rêve qui s’estompe. Jusqu’à aujourd’hui, ou prédomine le sentiment d’assister à un droit d’inventaire, une recherche en responsabilité de ce qui pourrait encore subsister de cet esprit de mai « cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! ».
Le slogan situationniste était-il prémonitoire, le « vieux monde » a-t- il rattrapé les camarades, englouti l’utopie ? Anniversaires après anniversaires, on ne cesse de redire l’anecdote, de rappeler les mêmes dates cultes, 22 mars, 3 mai, 10 mai…de revisiter les mêmes lieux cultes, Nanterre, la Sorbonne, l’ Odéon, Boulogne Billancourt, Vincennes…de représenter les mêmes stars, étudiantes, politiques, syndicales…la fiction est en place, figée, immuable, quelques mois d’un passé révolu qui ne sont plus qu’une parenthèse, de moins en moins enchantée; la légende a pris le pas sur l’histoire, avec ses effets de récupération, de mutation, de trahison aussi. Comment en parler aujourd’hui, revisiter la vieille antienne avec un autre regard, éclairer les mêmes évènements d’enjeux bien actuels dont on a peut-être oublié, dont on est en train d’oublier, qu’ils sont nés dans de ces événements? Faire un devoir de mémoire déjà nécessaire. Ce qui m’est apparu en commençant ce travail, c’est que depuis 50 ans, l’histoire de mai est racontée par des hommes, presque exclusivement. Pouvoir politique, leaders étudiants, responsables syndicaux, commentateurs… comme si les femmes n’avaient pas leur place dans cette histoire, n’y avaient été que des figurantes. Et pourtant, ce n’est pas un des moindres aspects de ces années ont permis l’émergence d’un discours féministe moderne et structuré J’ai fait le choix de donner à entendre cette autre parole, étonnamment confisquée depuis 50 ans, cet autre récit au féminin, comme un écho qui résonne aujourd’hui à l’heure où la place des femmes, leurs prises de parole secoue toutes les structures de la société. SYNOPSIS Comment parler aujourd’hui des années 68-71, cinquante ans après ?
L’histoire est en place, figée, immuable, ces quelques mois d’un passé révolu ne semblent plus être pour les nouvelles générations qu’une parenthèse de moins en moins enchantée; Comment revisiter les mêmes évènements, les éclairer d’enjeux bien actuels dont on a peut-être oublié, dont on est en train d’oublier, qu’ils sont nés dans les rues de 68. Ce qui m’est apparu en commençant ce travail, c’est que depuis 50 ans, l’histoire de mai est racontée par des hommes, presque exclusivement. Pouvoir politique, leaders étudiants, responsables syndicaux, commentateurs… comme si les femmes n’avaient pas leur place dans cette histoire, n’y avaient été que des figurantes. Et pourtant, çà n’est pas un des moindres aspects de 68 que d’avoir provoqué dans les années suivantes l’émergence d’un discours féministe moderne et structuré. J’ai fait le choix de donner à entendre cette autre parole, étonnamment confisquée depuis 50 ans, cet autre récit au féminin, comme un écho d’une résonance aujourd’hui toute particulière, à l’heure où la place des femmes, leurs prises de parole secoue toutes les structures de la société.
L’histoire que nous racontons commence avec la création du mouvement du 22 mars et s’achève à la fin trois ans plus tard. Les principaux évènements seront retracés dans leur chronologie par le prisme de celles qui y ont pris part et serviront de trame au récit. Mais c’est la parole des intervenantes qui organisera le déroulement du film. Le principe même du projet est de faire revivre mai 68 comme une addition d’aventures individuelles dans un destin collectif. A l’intérieur de la trame chronologique, en racontant leurs parcours personnels, elles nous ramèneront en arrière, dans le contexte des années 60 : L’engagement de ces femmes encore aujourd’hui nous éclaire sur l’importance de ce qu’elles ont vécu il y a cinquante ans.
Réunion du « 22 de mars » à Nanterre
LES INTERVENANTES:
Adrienne Larue, Anna Zelensky, Anne Querrien, Chantal Lermyte, Catherine Faux, Christine Buci-Gluksmann, Danielle Jaeggi Danièle Linhart, Dominique Gouguenheim, Elisabeth Roudinesco, Laurence Carill, Florence Prudhomme, Geneviève Fraisse, Isabelle Saint Saëns, Isabelle Rathery, Jacqueline Feldman, Macha Meril, Marielle Burkhalter, Michèle Collin, Michèle Katz, Mireille Nathan Murat, Nicole Lapierre, Rose Meunier, Rosine Feferman, Sonia Fayman, Sophie Bouchet- Petersen, Talila, Tanith Noble, Valérie Lagrange
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Anne Querrien était une brillante élève en sociologie à Nanterre et aux Hautes Etudes, membre du 22 de Mars. Elle a travaillé avec Guattari et Guy Hocquenghem. Elle montrera l’importance du planning familial dans la prise de conscience des filles qui ont intégré le mouvement du « 22 de mars ». « Mai 68 s’intègre dans un mouvement international, mondial, porté par la guerre puis la victoire des vietnamiens. Beaucoup de femmes faisaient parties du mouvement, mais plutôt comme des « agents de liaison ». elles étaient souvent en charge de l’intendance , rôle discret mais essentiel. Ce qui change après les événements : ce fut pour les femmes une initiation à la libération, la prise de conscience d’un féminisme qui revendiquait, plus que l’égalité avec les hommes, une vie et une pensée autonomes.
Mireille Nathan Murat fille de résistants et de déportés, a accouché le 20 mars et a participé aux barricades entre deux allaitements. « Le 22 mars j’avais accouchée deux jours plus tôt. À l’époque je militais beaucoup à la Fédération des Groupes d’Études de Lettres, Psycho, Sorbonne de l’UNEF et à la Mutuelle où là il y avait beaucoup d’étudiantes qui ne voulaient pas garder leurs bébés. Il fallait les aider à se faire avorter à l’étranger ou en France. A l’époque j’étais à la fois salariée, –je travaillais en deux lieux, en psychiatrie, au club extra-hospitalier de l’ASM XIIIe Ardt, et dans une association qui s’occupait de l’accueil des travailleurs africains en France, immigration voulue à l’époque par les patrons – et je finissais ma licence de psycho. J’ai surtout milité dans la manière d’occuper l’espace en créant des comités d’actions pas seulement partant de l’université mais aussi à partir des quartiers et où, non seulement on faisait connaître les revendications étudiantes mais celles des gens du quartier, des salariés, des employés pour casser la hiérarchisation du milieu de travail.
Sophie Bouchet Petersen étudiante à Nanterre, commence à militer dès 1966 avec les comités anti guerre du Vietnam. Membre actif de la LCR, elle participe en février 68 à la manif internationale de BERLIN pour le Vietnam. La elle découvre l’internationalisme de la révolte. Du bidonville qui jouxte Nanterre aux usines de Flins, elle découvre, comme tant d’autres étudiants bourgeois une » réalité incarnée » et la condition de la classe ouvrière. » Il n’y avait pas de débat sur le sexisme. Au quotidien on se vivait comme des égales, on était aveugles. La deuxième étape a été de se rendre compte qu’on ne l’était pas et qu’il était temps de devenir féministes. «
Geneviève Fraisse fille de professeurs catholiques à la Sorbonne était étudiante en philosophie en 1968 a toujours lutté contre l’exclusion des femmes du domaine politique. 68 a été la révélation d’une autre vie possible après le sentiment d’ennui des années 60. Sa conscience politique lui vient des luttes anti coloniales et des guerres d’indépendance. (Algérie, Vietnam). L’image de la répression reste pour elle « Charonne » bien plus que les barricades 68 est pour elle un « dévoilement philosophique » aux côtés de Jacques Rancière ! Penser l’égalité à travers l’horizontalité. Elle voit le principal enjeu de 68 dans la rencontre entre étudiants et ouvriers, la possibilité d’un « croisement » des classes sociales. Par d’idée d’insurrection, de projection dans l’avenir, « la pensée était au présent ». La liberté sexuelle n’est d’abord qu’une remise en cause du mariage et de la « vie bourgeoise ». Ce n’est qu’en septembre 68 que commence sa critique de l’attitude des hommes et de leur prise de pouvoir sur le mouvement. Tout son travail jusqu’à aujourd’hui part de 68 et de cette question : pourquoi il n’y a pas de mouvement féministe en 68 (alors qu’il y en a un en 1789, en 1848). « J’ai eu a chance d’avoir 20 ans en 68 et je n’en suis pas sortie »
en 1968 Isabelle Saint Saens fille de communistes, résistants, elle avait 18 ans et était aussi membre du 22 de Mars et étudiante à Science –éco. Elle a découvert à Nanterre qu’il n’y avait pas que la musique de Mahler dans la vie mais aussi les usines Citroën. « Où j’en étais un an avant 68? J’étais en prépa scientifique parce que quand j’ai eu passé mon bac je savais pas très bien quoi faire. Je n’étais pas du tout en rupture avec mes parents et je me suis inscrite à Nanterre en Sciences éco. C’était un tout petit campus on y allait en train, c’était quand même trois quarts d’heure de Saint-Lazare. Ça s’appelait « la Folie, complexe universitaire », c’était un petit campus où il y avait que trois bâtiments. Le bâtiment de sciences éco n’existait pas et a été construit en 69, je crois. Coincé entre le bidonville, ce qui fait que, ma fois, on restait là. Je pense que c’est aussi une des raisons pour lesquelles un petit campus avec pas trop de monde, avec en plus les gens de droit-science Eco, qui ont la réputation d’être toujours plus réactionnaires, plus à droite etc…mais dans les bâtiments de socio, de philo, et c’est tout ça mélangé fait que…BOUM!. C’est peut-être un peu un peu profane, pas très politique comme explication, comme élément d’explication pas comme d’explication, mais on n’avait pas, nos camarades de la Sorbonne ils avaient les bistrots, ils avaient les cinémas, ils avaient…Nous on n’avait rien… Si, il y avait la cantine de la fac c’est tout.. Voilà!
Nicole Lapierre: aujourd’hui directrice au CNRS et écrivaine, prix Medicis 2015. En 1968 elle militait à la JCR tout en étudiant la sociologie à Nanterre avec Henri Lefebvre. Après les événements elle travaille avec Edgar Morin avec qui elle dirige la revue « Communication ». « L’imaginaire collectif se concentre sur les manifestations. Quand on regarde les photos, on voit autant de femmes et de filles que d’hommes et de garçons. C’est une chose qu’on dit peu : les femmes ont manifesté. Elles n’étaient pas que les porte-drapeaux de ces messieurs (référence à la célèbre photo reproduite ci-dessous). Par contre, le service d’ordre des manifestations n’était composé que d’hommes. Du côté étudiant, un stand politique nommé Féminin, Masculin, Avenir (FMA) s’est tenu à la Sorbonne dès le 13 mai. C’était un tout petit groupe mixte qui diffusait des tracts et a organisé l’un des premiers débats sur les rapports entre les sexes à la Sorbonne. On pouvait certes compter ses membres sur les doigts de la main, mais ils représentaient une réelle présence. J’utiliserais donc une métaphore géologique pour parler du féminisme en Mai 1968 : c’est une rivière souterraine. Elle ne se voit pas mais change en profondeur la nature de la terre. C’est l’époque où un certain nombre de femmes va oser le divorce. C’est aussi l’époque où l’on commence à faire moins d’enfants.
Michèle Katz fille d’u héros de la Résistance Pierre Katz, quelle n’a pas connu, à participée activement à la Sorbonne pour la fabrication des affiches et slogans. Après les événements elle est déçue par le machisme des artistes masculins de « la jeune peinture » et fonde un groupe féministe. « Pendant mes 68 j’était plongé dans l’atelier populaire de l’école des Beaux-arts et j’ai fait des affiches on a fait petit à petit une organisation fantastique, pars ce qu’il y avait un endroit où les ouvriers pouvaient venir discuter pour dire ce qu’il voulait faire, donc ce n’était pas les mêmes camarades qui se chargeait des différentes opérations. Moi, j’ai jamais été là directement, j’ai toujours été là où on faisait les maquettes. Il y avait aussi la partie où on fabriquait les sérigraphies puis toute la partie matérielle, tout le monde se retrouve un moment des l’AG le soir. il ya quelques jours simplement que tout d’un coup ça m’est venu comme une évidence que c’était la première figure des réseaux sociaux. Il y avait la rapidité de l’époque, il y avait le contact avec les deux extrémités de la demande et effectivement on voyait nos affiches sur les murs donc si vous voulez c’était à peu près le lieu idéal où être en 68 mon avis bien sûr. »
Talila Dominique et Florence Prud’homme avec Talila en 1968
Talila aujourd’hui chanteuse vient un milieu pauvre. L’université pour elle est une soupape de liberté, une occasion d’échapper à la famille et à prendre son indépendance. Membre du 22 de Mars, elle suit toutes les manifestations aussi bien à la Sorbonne qu’à l’Odéon. Pour elle ces journées de Mai sont une occasion d’apprendre à vivre intensément, à réfléchir et à s’assumer en devenant maitre auxiliaire. « Mai 68 n’est pas né comme cela, c’est le fruit de lecture de cours de sociologie qui nous avaient préparés mais la libération sexuelle elle est venue avant mai, à Nanterre. Quand je suis arrivée à la fac il fallait se libérer de tout, même de la virginité aussi qui était là bas un handicap. Cela donnait lieu a de drôles de choses, car c’était volontariste, il fallait le faire, tout au moins pour passer à autre chose. Il n’y avait pas forcement du sentiment là dedans. A Nanterre avant que tout commence, les filles avaient le droit d’aller dans le bâtiment des garçons de la cité U, tandis que les garçons ne pouvaient pas venir chez nous. Tout a commencé comme cela. »
Florence Prudhomme De « très bonne famille », sa prise de conscience commence dans les mouvements contre la guerre du Vietnam. Elle participe à Berlin aux rassemblements de la jeunesse, et c’est là qu’elle prend conscience de leurs forces. A Nanterre elle suit les cours de Lyotard et d’Henry Lefèvre. Elle à été au cœur des batailles des barricades adorant affronter physiquement les forces de l’ordre. Après cette année elle continue à militer encore aujourd’hui au Rwanda, à Calais et dans des associations d’aides aux femmes. Christine Buci Glucksmann Pour elle les grands fronts ouverts en mai 68 (grèves sauvages, prisons, avortements, femmes, immigrés, logements) sont toujours d’actualité et ce sont les mêmes combats qui restent à faire. L’idée gauchiste de changer le monde se fait d’abord en changeant sa vie. Très proche d’Althusser et d’ Henri Lefebvre elle adopte sa vision de promouvoir la révolution sexuelle, la révolution urbaine et un retour à la fête. Ce que demandaient les jeunes dans la rue à ce moment là.
Sonia Fayman ; Fille d’un ancien résistant déporté, elle se politise en hypokhâgne. Etudiante à Nanterre en sociologie, participant de près aux évènements elle s’occupe surtout à recueillir les blessés et a faire des centaines de sandwiches au jambons pour les manifestants. Elle part aux USA représenter le mouvement dans les universités de la cote Est. Pour elle ce qui a été ouvert après 68 dans société française avec la financiarisation de l’économie arrive aujourd’hui à une sorte de fin de règne. C’est la fin d’un système et « la prochaine révolution ne ressemblera pas à une explosion genre 68, car l’histoire ne se répète jamais de la même façon. »
Isabelle Rathery, monteuse de film, elle a géré le stock de rushes filmés par une dizaine de cinéastes membres des états généraux du cinéma. Elle va présenter les films réalisés par le collectif en Italie, exportant ainsi les idées de Mai 68. Après 68 elle travaille avec Yann Le Masson et Chris Marker Jacques Doillon… « Avant mai, en 68 j’étais assistante monteuse ce qui était une très bonne école pour apprendre le métier. Moi je suis fille de gens de gauche, engagés mais pas vraiment militants, moi c’est pareil, je suis de gauche mais je n’ai jamais milité nulle part. Les féministes m’ont beaucoup draguées car j’avais 20 ans et l’élevais mon enfant toute seule. Et donc pour elles je vivais l’indépendance avec un enfant. A paris en 68 je travaillais avec un metteur en scène Yann Le Masson et lui c’était un engagé politiquement et avec lui j’ai commencé a aller aux manifs où j’ai rencontré Pascal Aubier. Les manifs c’étaient une très belle fête, il y avait un élan formidable j’ai eu très peur rue Gay Lussac et j’étais pourchassé par les flics, vraiment genre guerre civile. J’ai sonné à une porte cochère, car ils étaient vraiment méchants. Une autre fois j’ai été arrêtée et j’ai pu échappée disant que mon fils m’attendait à la maison., donc j’ai pas subi le sort des autres qui ont été embarqués. »
: Etudiante en sociologie à Nanterre, fille d’un résistant juif allemand. Ces parents étaient « originaux, cultivés, intelligents, anticonformistes, de gauche et compliqués ». Ils divorcent alors qu’elle est encore petite fille. Dans sa banlieue de Courbevoie, « on ne divorçait pas. A l’école laïque, tout le monde était catholique, allait au caté ». L’école, comme la société, était un véritable carcan. Elle se sentait différente. Elle est devenue rebelle. A Nanterre elle se souvient d’Henri Lefebvre, professeur très souriant, intelligent, insolent, pas doctoral, qui parlait en marchant, ignorant la chaire. Elle était avec les anars : Dany Cohn-Bendit, Nilo Perarnau, Jean-Pierre Duteuil, était à l’époque son petit ami. « L’occupation du bâtiment administratif, réservé à l’administration, apparaissait comme un tabou à enfreindre. on s’attaquait au saint des saints. on voulait en découdre avec ce qui nous empêchait de changer nous-mêmes et de changer le monde. L’injustice sautait aux yeux à Nanterre (bidonvilles, cités HLM…). Tout était verrouillé dans la société française, de l’ORTF, à notre campus universitaire, où filles et garçons, le soir venu, étaient séparés comme dans un pensionnat. On s’est mobilisé, au départ, pour obtenir « la libre circulation » au sein de la cité U. » Plus tard, le 6 mai, elle a été matraquée par la police. Elle a passé les événements le bras dans le plâtre, exemptée de manif. « Le slogan « jouir sans entraves », ce sont les mecs qui en ont profité, brisant les chaînes à leur profit exclusif. Le féminisme est sans doute aussi né de ce moment où nous avons, en définitive, été flouées, à part celles, plus âgées que nous, qui ont pu se frayer leur chemin. » Naïve, elle prenait tout au mot. Les étudiants étaient des « futurs exploiteurs » ? Elle n’en sera pas ! Elle arrête ses études, va vivre quelques mois dans les Cévennes avec Alain Frappart et Francis Zamponi, futur journaliste à Libération, qui était avec elle le soir du 22 mars. Séparée du père de sa fille, elle a appris le métier de correctrice dans la presse puis l’édition. C’est par un biais libertaire qu’elle a intégré cette « aristocratie ouvrière ». Elle vit toujours un peu à la marge comme si elle attendait un autre Mai 68.
Anne Zelensky: Professeure et militante féministe. Elle fonde en 966 le mouvement « Féminin Masculin Avenir) qui sera à l’origine du MLF en 1971. Elle participe à la création de « La ligue du droit de la femme » puis de « SOS Femmes Alternatives ». Elle sera une des premières animatrices des Cafés philos dès 1996. Pour elle le fameux MLF n’est pas tombé du ciel en 1970, il c’est formé en amont des les années 60. En 1968 en plein évènement elle tenait un stand du FMA dans la cour de la Sorbonne. Elle et ses amies avaient l’impression que la société était entrain de chavirer, qu’une nouvelle familiarité, un enthousiasme commun rendait la vie plus légère. « Tout de même, a dit Anne Zelensky, il n’y a pas grand chose sur les femmes. Rien sur les murs, pas de banderole…Ca ne va pas encore recommencer. Après un silence, j’ai dit : « Qu’est ce qu’on attend ? On n’a qu’à les écrire, les slogans… » Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous avons cherché du papier, on nous a prêté des feutres. Nous avions en mémoire un petit stock de phrases sur les femmes, émises par de grands noms, Beauvoir, Fourier, Stuart Mill, Condorcet.. Il suffisait de les écrire et d’aller placarder nos banderoles dans les couloirs de la Sorbonne, sous le regard complaisant des passants. Et nous revoilà assises sur nos marches, satisfaites mais pas comblées. « Ce qui manque c’est un grand débat.On parle de tout sauf de la situation des femmes…Alors nous sommes montées au premier étage, là où dans une petite salle, se tenait un chevelu qui était préposé à l’affectation des amphi. Timidement nous avons fait remarquer que depuis 15 jours que la révolution avait commencé, il y avait comme une absente, la question des femmes… « Ca c’est vrai, alors ! S’est il écrié. Vous avez raison. On n’y a pas pensé. Vous voulez un amphi ? Pour quand ? Peu à peu, la salle s’est remplie, remplie. Il y en avait partout, du monde, sur les gradins, sur les côtés. Ca parlait, ça riait, ça vivait. C’était notre premier débat. Ca tournait au meeting. Nous, nous lancions des regards ravis avec Jacqueline. Il fallait y aller, se jeter à l’eau. Nous, nous tenions la main sous la chaire, comme des petites filles qui se donnent du courage. J’ai commencé à parler, en tremblant. J’ai fait court. Jacqueline a pris la suite. Un silence a suivi. Puis les prises de parole ont fusé. Sur tous les sujets, la révolution sexuelle, l’orgasme, l’oppression des femmes, la contraception, l’avortement, l’homosexualité, et que sais je encore ! Sauf que de tout ça on ne parlait jamais en public ! On avait sorti sa langue de sa poche. Nous étions nettement débordées, incapables de distribuer une parole qui échappait à toute distribution. Nous avions préparé un cahier sur la chaire, pour que s’y inscrivent les futurs adhérents de FMA. Jamais notre association ne devait connaître un tel succès. Les noms s’allongeaient sur le cahier. Par la suite, nous avons constitué des commissions sur les sujets abordés, où sont venus tous ces gens, et qui ont fonctionné jusqu’à la fin de l’année. Pour moi, mai 68 est tout entier dans ce moment de grâce. »
MACHA MERIL, actrice, écrivaine. C’est à travers le cinéma et jouant dans les films de Godard qu’elle prend conscience qu’un mouvement insurrectionnel à envahit le pays. Elle participe activement au soutient de Langlois le directeur de la cinémathèque qui préfigure l’arrêt du festival de Cannes où elle est très active à coté de Truffaut, Godard…avec Marguerite Duras et Sartre elle va ensuite soutenir la grève chez Renault. « Donc pour moi j’ai deux de souvenirs saillants des souvenirs il a été filmé ça a été vu; c’est quand on a empêché le festival de Cannes alors là on était avec Godard avec Truffaut, on était tout un petit groupe pas trés raisonnable, on est monté sur scène et on a accroché tenu rideau c’était encore dans le vieux palais du festival et on a empêché que la projection se fasse, alors c’était indispensable parce que comme nous avions été les premiers il faut se rappeler que les premières manifestations ont été pour aider Langlois, pour soutenir Langlois qui devait être remplacé par Malraux et donc il n’a pas imaginé qui se passerait ce raz-de-marée de révolte et tous les cinéastes étaient là et c’était sérieux, on était tous sur les marches et par la suite évidemment on s’est tous retrouvés dans toutes les étapes « les états généraux » à l’Odéon et puis dans les rues, puis dans l’est dans les facs. Le deuxième très grand souvenir que j’ai, c’est un souvenir de manif, c’était un moment crucial c’est quand à flins à côté des usines Renault sur le pont qui conduisait à Flins les intellectuels et les étudiants ont tendu la main aux ouvriers et que pour la première fois depuis le début des événements les syndicats la cgt des ouvriers sont venus nous rejoindre. Moi j’étais avec Marguerite Duras, j’étais avec tout un groupe de gens on était allé très difficilement parce qu’il avait pas d’essence pas de voiture etc on avaient peinés pour aller jusqu’à Flins.
STRUCTURE DU FILM
STRUCTURE DU FILM
L’histoire que nous racontons commence avec la création du mouvement du 22 mars et s’achève trois ans après en 1971. Les principaux évènements seront retracés dans leur chronologie par le prisme de celles qui y ont pris part et serviront de trame au récit. Mais c’est bien la parole des intervenantes qui organisera le déroulement du film. Le principe même du film est de faire revivre les événements comme une addition d’aventures individuelles dans un destin collectif. A l’intérieur de la trame chronologique, en racontant leurs parcours personnels, elles nous ramèneront en arrière, dans le contexte des années 60, de la vie quotidienne comme des évènements historiques majeurs qui permettrons de comprendre l’irruption de 68. L’engagement actuel, ou non, de ces femmes dans la société d’aujourd’hui est important pour appréhender ce qu’elles ont vécues il y a 50 ans.
CONTEXTE POLITIQUE INTERNATIONAL:
Les traces laissés par les cicatrices de la décolonisation, des guerres d’indépendance, de libération : l’Algérie, le Vietnam. L’influence de la révolution culturelle chinoise (qui commence en 66) La lutte pour les droits civiques aux U.S. (Martin Luther King assassiné en avril 68). L’influence des anarchistes et communistes espagnols antifranquistes résidant en France. Les manifestations étudiantes de 67 en Allemagne contre la guerre du Vietnam mais aussi générationnelles en réaction a leur passé nazi (Rudy le rouge). La manifestation internationale de Berlin (février 68)
CONTEXTE CULTUREL :
LA GENERATION DU BABYBOOM Une série d’extraits d’archives mettra en évidence l’actualité de ces années avec une jeunesse qui s’ennuie, une effervescence dans tous les domaines, en réaction au rigorisme des mœurs comme au matérialisme et au consumérisme dominant (« cache toi, objet », « cours camarade, le vieux monde est derrière toi »). La mini jupe (66), les cheveux longs, le pop art, le « flower power », les drogues hallucinogènes et le mouvement psychédélique… Les grands concerts pop. L’influence de la beat génération et des Situationnistes avec Debord et Raul Vaneigem.
CONTEXTE IDEOLOGIQUE : Le structuralisme et le marxisme dominent la pensée universitaire. L’anticapitalisme y est dominant. Cette description de la vie quotidienne comme des évènements historiques majeurs Faculté de Nanterre : Avec des illustrations d’archives sur les manifestations contre la guerre du Vietnam à Paris, Anne Querrien nous raconte le moment où tout a commencé par une action où un étudiant de Nanterre Xavier Langlade faisant partie d’un commando qui attaquait l’American express le 20 Mars 1968 fut arrêté place de l’Opéra. Plus de 300 étudiants organisent une Assemblée générale dans les locaux de l’université, décident d’occuper les lieux et de former un mouvement du nom du jour. Ce mouvement du 22 mars connaitra ses prémices une année plus tôt lorsque 60 étudiants décident d’abattre les cloisons entre les cités universitaires des filles et des garçons. L’heure est résolument à la conjugaison du quotidien et du politique (sexualité / guerre). La Sorbonne : Geneviève Fraisse raconte le meeting du 3 mai dans la cour de la Sorbonne où un certain nombre d’étudiants se retrouvent pour protester contre la fermeture de la fac de Nanterre et la comparution d’étudiants devant le conseil de discipline. Face à la situation tendue avec d’autres groupes d’étudiants, le Recteur Roche fait évacuer la Sorbonne. A la suite de cette évacuation débute des incidents dans le quartier latin avec les forces de l’ordre. Il y a près de 600 interpellations. C’est la surprise qui règne. Un certain nombre de personnes appréhendées la veille sont condamnées. L’UNEF et le SNESUP appellent à la grève illimitée. Les cours sont suspendus à la Sorbonne. Christine Buci Glukcsmann souligne la simultanéité de ces mouvements d’extrême gauche dans toute l’Europe, de Berlin à Rome, Londres… étudiante à la Sorbonne à ce moment-là elle raconte la spontanéité d’un mouvement auquel personne ne s’attendait. C’est l’intervention policière lors d’un meeting à la Sorbonne tout à fait ordinaire qui dégénère avec l’arrivée des membres du 22 de Mars en une énorme manifestation de protestation qui embrasse le quartier Latin. Le Mouvement du 22 mars réunit plusieurs courants : la mouvance Jeunesses communistes révolutionnaires, les anarchistes libertaires, les situationnistes, des énervés et des inorganisés, ces derniers représentant la moitié des 142 membres. Photos et Archives du 3 Mai dans le centre de Paris. Avec Anne Zelensky qui tenait le stand féministe (FMA) nous rentrons de plein pied dans l’archéologie du MLF. Dans ces journées de Mai se posèrent clairement (dans un amphithéâtre de la Sorbonne) les questions sur tous les sujets, la révolution sexuelle, l’orgasme, l’oppression des femmes, la contraception, l’avortement, l’homosexualité…Dans ces premiers meetings elles ont pu approfondir leurs analyses sur tous les aspects du machisme de la société et d’une réelle émancipation de ce paternalisme oppressant. Ce fut un creuset, il a favorisé l’émergence d’une parole féministe contestataire qui a débouchée depuis sur un tournant de l’histoire dont on ne mesure pas encore l’impact réel. Sortie de l’atelier des Beaux-Arts en grève, l’image était emblématique de ce que pensait toute une génération. Télé = censure. La télévision en 1968 ? Le Général la regarde beaucoup, mais la considère comme un organe du gouvernement. Note d’intention de réalisation: Ce film se veut une polyphonie de voix qui comme dans un mouvement brownien donnerait aux spectateurs une sensation de vie, d’euphorie, de lutte et d’adrénaline. Ce n’est pas un film d’histoire mais une recherche d’archéologie humaine dans les cendres de ce que fut cette éruption volcanique non annoncée dans le ciel de Mai en 1968. Pour préparer ce film, j’ai d’abord rencontré aussi des hommes, et au fur et à mesure des interviews préparatoires je me suis rendu compte à quel point, même à travers les discours militants formatés, la voix des femmes ne résonne pas de la même façon que celle des hommes. En quoi cette voix est elle différente? Surtout dans la façon d’aborder l’histoire, de la vivre et de la raconter. Je ne veux pas faire un film ces années, mais raconter le souvenir de ces femmes de tous milieux sociaux, ce qui a été important pour elles, ce qui les a marquées et comment cela a changé ou non leurs vies. Le plus marquant pour moi est cette constatation que cette période a davantage marqué et changer la vie des femmes que celle des hommes. Pour la plupart c’est la rupture avec le milieu familial qui a été plus radicale et a souvent duré souvent plus longtemps. Elles ont vécu ces moments plus intensément, cette soif de vie et de liberté, cette curiosité au quotidien. Elles l’ont vécu au présent, sans se projeter, disent-elles, ou beaucoup moins que les hommes, dans des rêves de grand soir et de révolution. C’est la singularité de cette parole que je veux montrer, essayer par le montage d’organiser un dialogue entre ces voix qui se répondent, se complètent et révèlent les motifs d’une autre histoire. il y aura tout de même des points de repère, la narration reprendra la chronologie des évènements, les entretiens seront nourris d’éléments d’archives qui situeront autant l’époque (le look, la musique, la presse, le ton des voix) que les évènements. On recherchera des archives moins connues qui nous livrent un quotidien, des visages, des émotions. On utilisera aussi l’impact des ciné-tracts et de la propagande de ces années là. Comme décor à ce film fait de fragments de mémoires, de vécus, d’archives, de tracts, de dessins, de photos, je voudrais un Paris « virtuel », une imbrication d’images de la ville en 1968 reflétée dans celle d’aujourd’hui comme un espace factice fabriqué par notre cerveau. On passera de la fac de Nanterre à la Sorbonne puis de l’Odéon de 2017 à celui occupé par les étudiants. Dans une télé d’une vitrine du Bd St Michel on verra les CRS charger ce même endroit 50 ans avant. Casser l’espace temps pour donner plus de force à la parole. faire se télescoper un Paris d’y a 50 ans avec celui de nos jours. Comme un jeu vidéo avec l’interaction du passé dans le présent. J’envisage aussi un travail graphique de dessin et d’animation sur certaines archives trop connues, banalisées, comme les discours de, de Gaulle, de Daniel Cohn-Bendit, de Pompidou etc. Le plan du film est dicté par le récit des femmes qui nous racontent. Il y a plusieurs façons d’analyser une période historique, surtout pour un documentaire. On peut prendre les rushes existants sur le sujet, faire un montage chronologique puis dégraisser l’ours jusqu’à ce que l’on arrive à faire une narration cohérente. Moi ce que j’ai envie c’est de voir comment et pourquoi certains événements, images sont parvenus a rester dans notre inconscient collectif et marquent, scellent une légende, des idées reçus et même le besoin de mythification d’une période idéalisé. Les années 1968-1971 regorgent de tout cela, les archives, images, mots d’ordres, les affiches, les personnages principaux tout cela c’est amassés pour fabriquer un genre de monument où chacun y trouve son crédo, sa philosophie où même une idée de paradis, d’utopie réalisée. Comme disait Raymond Aron: « Une révolution introuvable? », ou dans un autre texte « les Français, depuis 1789, magnifient toujours rétrospectivement leurs révolutions, immenses fêtes durant lesquelles ils vivent tout ce dont ils sont privés dans les périodes normales et ont le sentiment d’accomplir leurs aspirations, fût-ce dans un rêve éveillé. Une telle révolution apparaît nécessairement destructive, elle s’accompagne des projets les plus extravagants, négation utopique de la réalité ». Pour cela nous allons sélectionner les photos de notre ami Gérard Aimé (qui vient de nous quitter) mais aussi les tracts, les journaux des tracts ou un photogramme d’actualité. Cela nous permettra de voir ce qui reste aujourd’hui, leur sens a-t il été détourné, oublié où même n’intéressent elles plus personne. Ces images iconiques sorties de l’actualité de l’époque seront interprétées par 30 jeunes femmes qui ne se connaissent pas toutes et feront plus ou moins l’écho de cet héritage, de cette aspiration à une contre-culture pour une nouvelle société que l’on attend toujours.
Archives films et vidéos:
Archives de Jorge Amat sur le Mouvement de 22 de Mars filmées en 1998. Film de Danièle Jaeggi (Suisse) Film de Ody Ross (Luxembourg) 8 heures d’archives (NARA) inédites sur les manifs, l’occupation de l’Odéon et la Sorbonne. Archives papiers et vidéo de la préfecture de Police de Paris. Documents filmés par l’RTBF (Belge) et RTS (Suisse) dans leurs journaux d’actualités. Rushes films faites par l’opérateur Jean Michel Humeau à Paris et Flins. Rushes faites par Alain Tanner et William Klein à Paris et jamais utilisés. Photos de Gérard Aimé pour Le 22 de Mars et les photos de Catherine Deudon pour le MLF.
LA CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS DE 1968 à 1971
Heurts violents à l’occasion d’une contre-manifestation organisée par les Comités Vietnam à Paris. 20/03/1968 : Attaque du siège parisien de l’American Express. 22/03/1968 : Incidents à Nanterre. Occupation de la tour administrative. Création par les anarchistes du Mouvement du 22 mars. 28/03/1968 : Suspension des cours à Nanterre jusqu’au 1er avril. 25/04/1968 : Le député communiste Pierre Juquin est expulsé du campus de Nanterre par les gauchistes prochinois. 28/04/1968 : Un commando prochinois dévaste une exposition de soutien au Sud-Vietnam. 01/05/1968 : Défilé CGT, PC, PSU (République – Bastille). Naissance du journal » La cause du peuple ». 02/05/1968 : Début du voyage de Georges Pompidou en Iran et en Afghanistan. Incidents à Nanterre où les cours sont suspendus. 03/05/1968 : Meeting dans la cour de la Sorbonne. Editorial de Georges Marchais dans l’Humanité qui y fustige « l’anarchiste allemand Cohn-Bendit » et raille les « révolutionnaires ». Evacuation par la police requise par le Recteur Roche. Manifestation au Quartier latin, incidents, près de six cents interpellations. 04/05/1968 : Condamnation de personnes appréhendées la veille. Appel à la grève illimitée de L’UNEF et du SNEsup. Suspension des cours à la Sorbonne. 05/05/1968 : Condamnation de quatre manifestants du 3 mai à la prison ferme. 06/05/1968 : Comparution de Daniel Cohn-Bendit et d’étudiants Nanterrois devant la commission disciplinaire. Manifestations, puis premières barricades et violents affrontements avec la police au quartier latin, plus de quatre cents arrestations. 07/05/1968 : Manifestation de Denfert-Rochereau à l’Etoile. 08/05/1968 : Discours d’Alain Peyrefitte à l’Assemblée Nationale. 09/05/1968 : Les leaders étudiants annoncent leur intention d’occuper la Sorbonne dès le départ des forces de l’ordre. En réponse, Alain Peyrefitte déclare que la Sorbonne restera fermée jusqu’au retour au calme. 10/05/1968 : Nuit d’émeutes au Quartier latin où soixante barricades se dressent. Intervention de la police à partir de deux heures du matin. 11/05/1968 : La CGT, la CFDT et la FEN appellent à la grève générale pour le 13 mai. Retour de Georges Pompidou d’Afghanistan qui annonce la réouverture de la Sorbonne pour le 13 mai. 13/05/1968 : La Cour d’appel met en liberté provisoire les condamnés du 5 mai. La Sorbonne est rouverte et aussitôt occupée. Manifestation syndicale de la gare de l’Est à Denfert-Rochereau. Les étudiants continuent jusqu’au Champs-de-Mars. Grève générale et manifestations ouvriers-enseignants-étudiants. 14/05/1968 : Départ du Général de Gaulle pour la Roumanie. Dépôt d’une motion de censure à l’Assemblée Nationale par le PCF et la FGDS. 15/05/1968 : Occupation de l’Odéon et de l’usine Renault à Cléon. 16/05/1968 : Le mouvement de grève s’étend dans les entreprises. 17/05/1968 : Rencontre Mitterrand – Waldeck Rochet. Grève à l’ORTF. 18/05/1968 : Retour du Général de Gaulle. Grève générale, la paralysie économique gagne l’ensemble du pays. 20/05/1968 : La grève se généralise. 22/05/1968 : La motion de censure déposée par la gauche est rejetée, elle ne recueille que 233 voix. Daniel Cohn-Bendit est interdit de séjour. Création du Comité national de défense de la République (CDR). Les syndicats se déclarent prêts à négocier avec le gouvernement. Attaque du local national conjoint des CDR et du Service d’action civique rue de Solferino par des manifestants. 24/05/1968 : Nouvelle nuit des barricades. Le Général de Gaulle annonce un référendum sur la participation (entreprises, universités) pour le mois de juin. La Bourse est incendiée. Un commissaire de police est tué à Lyon par un camion lancé par les manifestants. 25/05/1968 : Début des négociations rue de Grenelle. 26/05/1968 : Le Général de Gaulle donne son accord à Jacques Foccart pour l’organisation d’une grande manifestation pour le vendredi 31 mai (elle aura finalement lieu le 30). 27/05/1968 : Accord sur le protocole de Grenelle entre les syndicats, le patronat et le gouvernement (augmentation du SMIG et des salaires, réduction des horaires, abaissement de l’âge de la retraite). Meeting de Charléty organisé par l’UNEF, le PSU 28/05/1968 : Conférence de presse de François Mitterrand qui annonce sa candidature à la présidence de la République en cas de vacance du pouvoir. 29/05/1968 : Le conseil des ministres est ajourné. Le Général de Gaulle se retire et quitte l’Elysée à 11h15 et n’arrive à Colombey-les-deux-Eglises, via Baden-Baden où il a rencontré le Général Massu, qu’à 18h30. Pierre Mendès France se déclare prêt à former un « gouvernement de gestion ». 30/05/1968 : A 16h30 le Général de Gaulle annonce la dissolution de l’Assemblée Nationale. Une manifestation de soutien au chef de l’Etat réunit un million de personnes sur les Champs-Elysées. 31/05/1968 : Remaniement ministériel. Manifestations de soutien au Général de Gaulle en province. 05/06/1968 : Début de reprise du travail dans la fonction publique. 06/06/1968 : Evacuation violente de Flins par les CRS ; affrontements. 10/06/1968 : Mort du Lycéen Gilles Tautin. 11/06/1968 : Evacuation de Peugeot-Sochaux ; affrontements : 2 morts. 18/06/1968 : Reprise du travail chez Renault, Peugeot, Citroën. 23/06/1968 : Premier tour des élections législatives 30/06/1968 : Second tour des élections législatives
CV de Jorge Amat
Réalisateur : Licences de Cinéma et d’Arts Plastiques à Paris VIII. Élève de Jean Douchet, Jacques Rivette, Jean Painlevé et Gilles Deleuze. Télévision : 2016: « Les Résistants du train fantôme » avec Guy Scarpetta, 52 mn FR3 2015 : Kantorowicz chez Kafka : doc sur le peintre Kantorowicz 2014 : Une série de clips sur l’art. 2013: Léo Bassi l’anti Pape de Lavapies – 52 mn doc sur un clown philosophe. Arte 2013: Génération Ferré- 52 mn doc sur Léo Ferré -Arte 2012: « L’instinct de Résistance »- 90 mn avec Stéphane Hessel, Pierre Daix, Armand Gatti, Serge Silberman. 2010 : La France des camps, 1938/1946 – 84 min. France 2 (les 200 camps de concentrations et 600 000 internés) 2009 : Halte à la mafia – 62 min. Arte (la révolte de la société civile en Sicile contre la Cosa Nostra) 2008 : Maréchal nous voilà ? – 62 min. France 2 (la propagande sous Vichy) 2007 : La traque de l’affiche rouge – 72 min. France 2, docu-fiction (comment la police a fait tomber le groupe Manouchian) 2004 : Témoins de la libération de Paris – 52 min. TV5 / Planète 2004 : 20 ans en août 1944 – 90 min. France2 (la Libération de Paris vécue par Madeleine Riffaud) 2003 : La voix de Jean Moulin – 90 min. France 2 (la résistance et la mort de Jean Moulin) 2001 : Ciao Bella Ciao – 60 et 80 min. Planète / La vidéothèque de Paris (l’exil des gauchistes italiens en France) – distribué au cinéma Accatone. 2001: Le Val d’Aran- 60 mn sur les guérilleros espagnols en France. 2000 : Le trésor de Yamashita – 52 min. France 3 (le butin de guerre japonais aux Philippines) 1999 : « L’espoir pour mémoire » – 3 X 55 min. France 3 /Planète ( chronique des Brigades Internationales en Espagne: 1936-39) 1998 : L’oeil du Consul – 52 min. France 3 (la guerre des Boxers et la Chine en 1900) 1990 / 1999 : Treize films de I3 à 52 min. sur l’Opéra de Paris, le musée du Louvre, Beaubourg, Orsay et sur des grands peintres (Picasso, Picabia, Max Ernst, Dado, Clavé, Amado…) pour FR3, Arte, Canal Plus. 1984 : Décors et mirages : doc sur les gd décorateurs de l’opéra de Paris: FR 3 1981 : Les costumes de l’opéra de Paris: FR3 Cinéma 2018: La mémoire brisée: 87 mn 2017: Les Résistants du train fantôme: 84mn: pour le cinéma 2014 : L’instinct de Résistance – 86 mn – doc avec Armand Gatti – Pierre Daix – Stéphane Hessel – Serge Silberman- distribué en salles de cinéma. 2013 : Scénario de long métrage : Trois femmes à Paris. 2008 : Sonate pour un fugitif – 80 min. (avec Ainara Iriba et Jordi Florès). Cinéma Accatone. 2007 : A la recherche de Kafka – 75 min. (avec Tom Novembre, Albert Delpy, Juliette Andréa).Cinéma Accatone 2005 : Dado tagueur – 70 min. – documentaire (pendant 4 ans, l’artiste Dado a peint des fantômes de lépreux dans une chapelle près de Gisors). 2003 : Voyage en Oxyplatine – 65 min. (journal de bord de 2 ans de maladie). Sélectionné au Festival de Saint-Sébastien. 1997 : Les Paradoxes de Buñuel – 80 min. (avec Michel Piccoli, Jean-Claude Carrière). Sélectionné aux festivals de Venise, Tokyo et Saint-Sébastien. Canal plus. 1984 : Clin d’œil – 90 min. (avec Julien Negulesco, Dominique Varda). Prix spécial du jury au festival de Saint-Sébastien. Distribution salles cinéma. 1974- « La mort de l’utopie » fiction avec Arrabal, manuelle Riva, José Luis Aguirre, Charlotte Trench. Festival Avignon, sortie en salles.